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Regarder les “infos” : comme assister à une Messe quotidienne

La fascination des spectateurs pour les médias mainstream s’apparente parfois à une dévotion, nourrie par un mélange de confort cognitif, de biais de confirmation et de conformité sociale. Se fier aux médias établis procure une sécurité qui évite l’effort d’une analyse critique, tandis que les spectateurs y cherchent des informations qui valident leurs idées préconçues, souvent façonnées par ces mêmes médias, tout en rejetant les perspectives divergentes. Consommer les mêmes contenus que leur entourage renforce une norme sociale difficile à rompre et élimine la crainte de rejet.

Enfin, ces médias proposent une lecture simplifiée et uniformisée d’une actualité conformisée, séduisant un public en quête de contenu facile et d’instantanéité, mais au détriment d’une véritable profondeur analytique :

  1. Suivi rituel et approche passive : Pour une partie des spectateurs, regarder les chaînes mainstream telles que France Télévisions, TF1, BFM ou Cnews dépasse la simple recherche d’information et s’apparente davantage à un rituel, un moment quotidien qui donne structure et confort, un peu comme une messe quotidienne. Cette habitude les place dans une posture passive où ils absorbent les messages sans véritable remise en question ni analyse critique. Les informations, présentées avec l’autorité de la parole institutionnelle, sont alors perçues comme des vérités indiscutables, renforçant une fidélité presque identitaire envers ces chaînes. Pour ces téléspectateurs, suivre ces programmes devient un acte de “confiance ritualisée”, où le contenu est accepté de façon quasi automatique, évitant ainsi l’effort et l’incertitude d’une recherche d’informations plus variées.
  2. Emprise totale : un verrouillage mental façon dérive sectaire : L’attachement aux médias mainstream dépasse la simple information, s’apparentant à une emprise hypnotique. Tels des adeptes d’une secte, ces spectateurs sont piégés dans un rituel quotidien dont ils ne peuvent, et ne veulent, se libérer. Chaque édition devient un prêche incontournable qu’ils absorbent sans critique, adoptant une vision rigide dictée par le narratif dominant. Cette emprise annihile leur curiosité et réduit leur esprit critique, les enfermant dans une bulle où seule la voix des « experts » des médias résonne.
  3. Confiance et confort dans les sources établies : Beaucoup de personnes font instinctivement confiance aux médias traditionnels, qu’elles associent à des sources d’information plus stables et crédibles. Cette confiance est souvent renforcée par l’habitude : si quelqu’un a toujours suivi un même média, il est peu enclin à remettre en question ses informations.
  4. Biais de confirmation : Les individus ont tendance à rechercher des informations qui confirment leurs croyances préexistantes, un phénomène appelé biais de confirmation. En se concentrant sur les médias traditionnels, ils évitent de remettre en question leur vision du monde, ce qui peut expliquer leur résistance à d’autres sources d’information ou à des perspectives alternatives.
  5. Pression sociale et normes culturelles : Le fait de consommer les mêmes informations que ses proches ou ses collègues crée une certaine uniformité sociale. Les médias mainstream jouent souvent un rôle important dans la construction de ce qui est considéré comme « normal » ou « acceptable » à débattre. Les sujets comme le climat ou la gestion de la crise COVID deviennent alors des sujets tabous dans certains milieux.
  6. Effet de polarisation des médias sociaux : Les algorithmes des réseaux sociaux ont tendance à montrer aux utilisateurs des contenus qui renforcent leurs opinions. Si une personne consomme des informations mainstream, elle sera plus exposée à des contenus similaires en ligne, rendant l’accès à des opinions divergentes plus difficile.
  7. Surdose d’information et passivité cognitive : Face à la quantité massive d’informations disponibles, certains préfèrent s’en remettre aux médias de masse par facilité, leur évitant ainsi de devoir trier et analyser de multiples points de vue. Ce phénomène est lié à la surcharge cognitive, qui rend difficile une exploration indépendante de sujets complexes.
  8. Rôle de la peur et de l’incertitude : Les crises comme celle du COVID ou les changements climatiques créent de l’anxiété. En s’alignant sur le discours dominant, les spectateurs évitent des points de vue discordants qui pourraient amplifier leurs craintes ou les confronter à des incertitudes inconfortables

TF1

Le journal télévisé de TF1 est souvent critiqué pour son approche sensationnaliste et simpliste, qui privilégie les faits divers et les sujets légers, au détriment d’une couverture approfondie des enjeux complexes. Beaucoup lui reprochent un ton pro-gouvernemental, avec peu de diversité de points de vue, offrant une vision uniforme et consensuelle des actualités. Cette superficialité, accentuée par un format conçu pour capter l’attention plus que pour informer en profondeur, donne parfois l’impression d’un contenu “pré-mâché” AFP. De plus, l’influence commerciale, avec une forte dépendance à la publicité, rend floue la frontière entre information et promotion, nuisant à l’indépendance éditoriale.

France TV

Les journaux télévisés de France Télévisions, souvent accusés de moralisme et de manque flagrant d’originalité, se contentent de régurgiter les dépêches de l’AFP sans y apporter la moindre valeur ajoutée. Leur contenu monotone recycle en boucle des thèmes récurrents — réchauffement climatique, mise en avant systématique des femmes, et un discours bien-pensant saturé de concepts wokistes. Les reportages, jugés simplistes voire infantilisants, manquent cruellement de profondeur intellectuelle et culturelle, offrant une vision uniformisée et sans relief. Sous couvert de formats hollywoodiens, ces contenus bisounours parviennent néanmoins à captiver des téléspectateurs peu exigeants, plus en quête de confort cérébral que d’une véritable analyse critique.

D’un journal télévisé national financé par les contribuables, on serait en droit d’attendre une information bien plus diversifiée : des analyses géopolitiques approfondies, un panorama des regards internationaux sur la politique étrangère de la France, et surtout des débats contradictoires pour contrebalancer cette “information” prémâchée et standardisée de l’AFP. Au lieu de cela, France Télévisions nous sert un contenu formaté et sans relief, où le questionnement semble proscrit. En somme, on attendrait du vrai journalisme : exigeant, pluraliste et à la hauteur des enjeux, tant nationaux que mondiaux.

BFM

Les journaux télévisés de BFM sont souvent critiqués pour leur approche sensationnaliste et leur rythme effréné, qui favorisent l’immédiateté au détriment de l’analyse et de la profondeur.  La chaîne multiplie les “breaking news” et les images en direct, même pour des événements mineurs, créant une atmosphère de dramatisation constante qui frôle parfois la “panic news”. Ce format, basé sur le direct et la répétition, recycle les mêmes informations tout au long de la journée, sans réelle valeur ajoutée en termes de contexte ou de réflexion, offrant ainsi une vision souvent partielle et anxiogène de l’actualité. De plus, BFM se concentre sur des sujets attractifs – faits divers, polémiques, et politique spectacle – donnant au final une impression de “fast food” de l’information : facilement consommée, mais pauvre en contenu intellectuel.

Cnews

Les journaux télévisés de CNews sont souvent critiqués pour leur ligne éditoriale clivante, axée sur des sujets polémiques comme l’insécurité, l’immigration et les questions identitaires, ce qui favorise un climat de tension et de confrontation. La chaîne invite régulièrement des chroniqueurs aux opinions tranchées, ce qui renforce une dynamique de débat au détriment de l’objectivité. Ce choix de sujets sensationnels, répétés à l’excès, crée une vision partielle et orientée de l’actualité, privilégiant certaines thématiques au détriment d’autres enjeux importants.

LCI

Que dire de LCI, sinon que cette chaine semble être la caricature de tous les autres, mais avec beaucoup moins de moyens.

Ce qui caractérise tous ces « journaux » télévisés, ce sont les invités dits “spécialistes”, qui semblent parfois avoir été recrutés dans des bistrots, véritables repaires de « Hauts Personnages » qui parlent haut et fort, mais finalement, pour ne rien dire.

En somme, cette « fascination » pour les médias traditionnels résulte d’un mélange de confiance aveugle dans les institutions, de biais cognitifs et de pressions sociales qui bloquent toute ouverture aux informations alternatives ou critiques. Ce public, hermétique aux points de vue différents, reste piégé dans une bulle confortable, esquivant tout ce qui pourrait ébranler ses certitudes. Tenter d’aborder des sujets avec eux exige souvent des efforts patients, mais l’espoir d’un dialogue réel demeure mince tant qu’ils restent ancrés dans cette adhésion quasi dogmatique.